mercredi 9 juillet 2014

Le lâché, un moment inoubliable.

Celà faisait déjà quelques vols que je ne touchais plus aux commandes et me contentais d'encore faire quelques remarques sur les tenues de vitesses et altitudes dont les instructeurs attendent une tenue des plus rigoureuse de la part d'un jeune élève-pilote.
Et puis il y a quelques semaines, j'ai proposé à Paul d'aller tater les nuages, seul, mais ce jour là il m'a dit qu'il ne préférait pas, qu'il serait trop stressé d'être seul à bord!
Parfait! Savoir renoncer en aéronautique est souvent une décision très sage, preuve d'une certaine maturité à savoir évaluer les risques et sa capacité à faire les choses ou ne pas les faire à un moment et dans une situation donnés.
Je préfère avoir un élève qui a ce type de réaction très saine plutot qu'un élève qui va faire, pour faire plaisir à son instructeur, ou encore, flâter son ego et au final prendre des risques.
Et je ne parle même pas des quelques instructeurs que j'ai pu rencontrer dans ma vie aéronautique et qui forcent leurs élèves à faire un premier vol solo parce qu'ils l'ont décidé alors que la personne n'en a pas l'envie!
Ca mériterait un stage de recyclage forcé sur les facteurs humains!
Toujours est-il que ce jeudi 03 juillet rendez vous était pris à 18h00 à l'aéroclub de St Omer ou je retrouvais Paul en train de finir de préparer la machine et terminer la visite prévol.
Le temps était ensoleillé avec une légère brise du nord pour 5 KT qui nous a fait décoller sur la piste 03 en herbe pour quelques tours de piste.
Après 6 tours de piste exécutés à l'équerre et au cordeau avec les aiguilles bloquées sur les bons chiffres après avoir failli m'assoupir plusieurs fois, j'ai proposé à Paul de se débarrasser des 93 Kg qui ralentissaient la machine, à savoir, son instructeur préféré.
Et là, il a dit "Oui" et a vécu l'instant magique que tous les pilotes gardent en mémoire, celui du premier vol seul à bord :" le lâché"
Après avoir été moi-même lâché un jour à 16 ans il y a 30 ans, à quelques tirées d'ailes de St Omer sur l'aérodrome de Calais, c'est toujours un grand plaisir de pouvoir revivre cet évènement au travers de mes élèves et d'autant plus quant ils sont jeunes, comme Paul, et se dire qu'on aura peut-être modestement contribué à leur faire réaliser leur rêve d'en faire carrière que ce soit dans l'aviation commerciale ou militaire.
Félicitations encore à Paul et, attention, on ne se relâche pas, ce n'est qu'une étape et il y a encore quelques marches à gravie avant d'obtenir son brevet!

Paul a même eu droit à un article dans la Voix du Nord  :

"Une passion née dans l’enfance et une certitude : Paul Fovet a vite su qu’il voudrait devenir pilote de ligne. Ce qui implique de longues études.





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Se doutait-il, ce pilote qui, un jour de départ en vacances, fit visiter son cockpit à un gamin, qu’il venait de bouleverser une vie ? « C’est ça que je veux faire quand je serai grand », lança l’enfant aux parents. Plus tard, sur un journal d’écolier, il y eut un article, sur le pilotage. « Là, j’ai vraiment insisté pour qu’ils m’inscrivent à des cours. » Paul Fovet aura 16 ans au cours de l’été. Il veut être pilote de ligne. Ce qui implique un bac de haut niveau. « Je travaille bien », avoue-t-il modestement. « Il est très bon », corrige sa sœur. « Il a toujours les félicitations », confirme Laurent Fovet, le papa. « Tout doit être sans arrêt parfait », renchérit Florence, sa maman.Brevet d’initiation aéronautique en poche, il était en troisième, le gamin s’est concentré sur le pilotage, sur un Jodel, à l’aérodrome de Saint-Omer. D’abord, « en conduite accompagnée », pour se familiariser avec les techniques. « L’instructeur explique, ensuite, il faut reproduire en vol. Il est à côté, s’il faut corriger. » Jeudi, le professeur a estimé que l’élève pouvait se lâcher, en solo, dans le ciel audomarois, faisant la fierté de ses parents.

« Il s’en donne les moyens »

Cet été, il participera à un stage de voltige, pour lui permettre d’appréhender les pannes éventuelles de l’appareil. Ensuite, il passera le brevet de pilote amateur, première marche vers ce à quoi il rêve, commandant de bord. Car la route est longue, très longue, coûteuse et semée d’embûches. Bac S, maths sup et maths spé, licence de pilote privé, là il pourra emmener des passagers. Pour cela, il faudra être au top physiquement, tout le temps, à chaque test. Au mieux, il sera copilote à 28 ans.
Pour l’heure, il attend avec impatience chaque heure de vol, râle quand une météo médiocre l’en prive. « À son âge, il a la chance de savoir quel métier il veut faire », dit son père. « Nous l’aidons mais, par son travail, il s’en donne aussi les moyens. » Airbus, Boeing, voler près des oiseaux, son avenir est là, dans les voyages et les nuages, à travers le monde. Déjà, il pilote un avion avant d’avoir pu s’installer derrière le volant d’une voiture."

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